In occasione della mostra a cura di Chiara Parisi, Swimming is Saving all’Accademia di Francia a Roma – Villa Medici (in corso fino al 17 settembre 2017) ATPdiary ospita alcuni focus su una selezione di artisti, tra i quindici invitati in residenza. L’esposizione è la prima del ciclo L ORO ed è concepita come un laboratorio, un terreno di confronto in cui si incrociano discipline molteplici ed esperienze eterogenee che nascono all’interno di Villa Medici.
Dopo Simon Brodbeck & Lucie de Barbuat e Olivier Kosta-Théfaine vi presentiamo le suggestive ‘incursioni’ di Lancelot Hamelin. Nella serata del 20 luglio è stata presentata La Notte dei Sogni: una performance notturna per 20 sognatori condotta dallo scrittore e autore teatrale. Per raccogliere il gruppo di sognatori Hamelin ha proposto questa singolare esperienza alle persone incontrate a Roma durante i 12 mesi di residenza a Villa Medici, invitandole a sperimentare non solo la funzione catartica dei sogni, ma anche il potere che, forse, essi hanno di risolvere le nostre crisi.
Nato nel 1972, Lancelot Hamelin è romanziere e drammaturgo. Interessandosi principalmente alla relazione tra finzione e realtà, inizia con il teatro lasciandosi poi trasportare dai progetti verso il romanzo, la serie televisiva, il reportage e il fumetto. Da cinque anni lavora sulla vita onirica, intesa come strumento di analisi della realtà.
Seguono alcune domande, e le suggestive risposte (che abbiamo lasciato nella sua lingua originale, il francese) di Lancelot Hamelin —
ATP: Quali sono gli aspetti che più ti hanno suggestionato di Roma durante la tua residenza a Villa Medici?
Fréquenter la Beauté, dans son acception classique.
M’initier au langage allégorique, dont le secret réside dans le fait que l’initiale de la majuscule est celle de la Minuscule.
Eprouver au quotidien la puissance de l’Histoire.
Comprendre enfin ce que sont Dieu et Satan, par le jeu réciproque qui constitue l’éros de leurs anges.
Apercevoir un peu fugacement la réalité de Richesse et Pouvoir.
Affronter la Rome actuelle – Blanche, comme le musée ethnique d’une Europe qui n’aurait pas vécu la décolonisation – livrée à l’abandon et s’en débrouillant très bien – sans gouvernance démocratique depuis des Âges – épuisée par la corruption et l’absence de projet commun.
Mais encore fréquenter le peuple romain, avec son humour sans illusion, son élégance triste, son intelligence sans pitié mais chaleureuse – sa connaissance des spectres, des anges et des démons.
Et aussi, et surtout, rencontrer le peuple de la périphérie, courageux et chaud, mêlé des migrants qui n’ont aucune place en centre ville, mais fabriquant des espaces de respiration, des projets de collaborations inimaginables dans maintes villes d’Europe.
Comprendre que dans Rome la Solaire, c’est underground que se développe la véritable lumière.
ATP: Nell’introdurre la mostra, la curatrice Chiara Parisi chiarisce che il titolo della mostra Swimming is saving, nasce da un errore, ma è proprio dall’errore che posso nascere nuove idee e significati. Qual è il tuo punto di vista sul concetto di errore?
Faire une erreur… Non, Faire l’Erreur.
Comme Faire l’Amour.
Comme Faire Honte.
Au printemps, un jeune migrants s’est noyé à Venise sous les yeux des gens, qui l’ont regardé se noyer.
Il n’a pas pu nager. Il n’a pas été sauvé.
Qui nous sauvera ?
Où est l’erreur ?
Nager ou ne pas Nager ?
Sauver ou ne pas Sauver ?
Là n’est pas la Question.
Que l’erreur soit la condition de la vie, c’est une idée fondamentale et banale que notre époque fait semblant de méconnaître, parce qu’elle va contre le dogme de la performance et de la réussite.
La vie est-elle le fruit d’une erreur ou d’un calcul réussi ?
Et la mort du jeune homme que d’autres ont filmé pendant qu’il se débattait ?
Sans parler des commentaires qui ont été enregistrés en même temps que l’Image ?
Filmer n’est pas Sauver.
Enregistrer n’est pas Nager.
Ne pas Nager n’est pas Sauver.
La mort est-elle le fruit d’une erreur ou d’un calcul réussi ?
Même les religieux ne font pas l’affront au Créateur d’être un Calculateur. S’il est Architecte, c’est à la façon empirique des bâtisseurs de cathédrale plutôt que dans la rationalité mesquine des fabricants de HLM contemporains. L’équilibre de chaque chose s’élabore de la prise en compte des erreurs précédentes. Et une structure vivante, vivable, productrice de vivant s’élabore, se dresse, se met en marche – même immobile, elle met en mouvement le monde.
Chaque vie est une cathédrale d’erreur. Chaque erreur est ce Dieu auquel les cathédrales sont vouées.
Il faudrait peut-être enfin se décider à Nager !
Au risque de l’erreur.
Parce qu’il est aujourd’hui, dans le monde – et d’abord en Europe – question de Sauver.
Sauver est Se Sauver.
Mais Se Sauver n’est pas Fuir.
Se Sauver est Sauver ce qui de Nous peut être Sauvé.
Ce qui de Nous ne mérite pas de se Noyer.
Nager est Sauver est Se Sauver.
L’accident, l’aventure, l’erreur, c’est ainsi que la vie et la pensée procèdent.
L’Erreur n’est-il pas l’autre nom de la Création ?
Nous portons tous aujourd’hui le poids de ceux qui n’ont pas pu nager.
Qui ne peuvent pas nager.
Qui ne peuvent pas Se Sauver.
Et que Nous Ne Sauvons Pas.
Parce que Nous Ne Nageons Pas.
Nager = Faire l’Erreur.
Ce qui passe pour une erreur en regard d’un projet volontaire est en fait la réalisation du potentiel secret de l’idée, son inconscient.
Les erreurs sont souvent meilleures que les idées, et les belles idées ne servaient qu’à préparer de belles erreurs.
L’erreur est en fait la révélation de ce qu’il y avait de bon dans l’idée.
Mais c’est un nouveau problème de perspective qui se pose à nous.
Comme il y a longtemps, à Rome, la découverte de la perspective a accompagné dans les larmes, le feu et le sang l’acceptation héliocentrique.
La science physique déplace ce qu’on croyait penser de l’action, de la volonté et de la réussite.
Il paraît qu’il y a des sauts qui se font à notre insu et qui constituaient notre véritable désir.
Voire, notre destin.
Swimming is Saving.
ATP: Mi racconti come è nata l’idea dell’opera che hai pensato per Swimming is saving? Quali sono le tematiche che approfondisci?
Le journal The Light House que nous publions quotidiennement pendant la période de l’exposition Swimming is Saving est le résultat d’un travail collectif que j’ai mené dans la ville de Nanterre, cette année, pendant les élections présidentielles française, et qui fait partie du projet que je suis venu accomplir à la villa Médicis.
Depuis 2012, je mène une enquête sur la vie onirique de mes contemporains, inspirée par le grand livre de Charlotte Beradt, Rêver sous le IIIe Reich.
Pendant que je recueillais des récits de rêve à Rome, grâce à une collaboration avec le centre culturel Giorgio Morandi et son directeur Carlo Gori, auprès des habitants du quartier de Tor Sapienza – quartier pauvre secoué en 2014 par des violences contre les migrants, violences dont le pouvoir sait qu’elle surgit chaque fois qu’on force des populations pauvres à accueillir des plus pauvres encore –
Pendant ce temps, à Nanterre, avec le théâtre Nanterre-Amandiers, un metteur en scène, Duncan Evennou avait réuni un groupe d’une vingtaine de jeunes artistes, chercheurs et amateurs de bonne volonté pour recueillir des récits de rêve et de cauchemar dans les rues de la ville, un dimanche par mois, pendant la campagne électorale, de janvier à mai –
collectes auxquelles j’ai moi-mêmes participé avant de retravailler les retranscriptions de ces entretiens pour en dégager ces portraits de citoyens en rêveurs, et des dialogues qui tournent autour de la façon dont la vie onirique informe notre vie quotidienne, politique et sociale.
Pour le projet mélancolique exprimé par ce titre fondé dans une erreur, Swimming is Saving, il semblait qu’il y avait besoin d’un Phare.
La parole de nos contemporains me semble dispenser cette lumière nécessaire dans la tempête que nous vivons.
Leur parole, certes, mais aussi et surtout cette étoffe dont leur vie est tissée : les rêves…